Comment le big data a envahi le sport professionnel ?

Le big data a pris une place centrale ces dernières années dans le monde du sport. De nouveaux rôles au sein des organisations sont apparus, et de nombreux équipements innovants high tech sont devenus la norme. De quelle manière sont récoltées les données sur les athlètes, et comment sont-elles utilisées pour améliorer les performances des sportifs ?

Les statistiques, chiffres et données sont aujourd’hui devenus les meilleurs adjoints d’un entraîneur d’une équipe professionnelle. Le big data est un allié incontestable pour à la fois optimiser les performances des athlètes mais également prévenir les blessures. La plupart des grandes organisations sportives disposent désormais de data sport scientists (spécialistes des données du sport) et d’un groupe d’experts dont le rôle est de regrouper et analyser tout un tas de données récoltées à l’aide de nouvelles technologies et tests réguliers.

Les différents types de données

Plusieurs types de données sont récoltées de manière régulière concernant les athlètes, que ce soit dans des laboratoires de plus en plus sophistiqués, sur les terrains d’entraînement ou durant une rencontre officielle.

Les données les plus classiques sont récupérées par le suivi médical d’un diététicien à travers des tests de routine réguliers. Il note la taille, le poids, l’indice de masse corporelle (IMC), le taux de masse graisseuse et osseuse, le niveau d’hydratation ou alors la densité urinaire. Ces tests visent surtout à évaluer et monitorer l’état de santé général de l’athlète.

En complément, certaines données sont aussi récoltées à partir de tests sanguins. Celles-ci se concentrent surtout sur le taux de CPK (créatine phosphokinase) présent dans le corps des athlètes. C’est un indicateur qui permet de connaître le niveau de fatigue du sportif, ainsi que les lésions musculaires dont il pourrait souffrir.

Enfin, on retrouve les données de performance. Elles sont aujourd’hui de plus en plus précises et faciles à récolter, notamment grâce aux équipements GPS (Géolocalisation par satellite) que les athlètes portent sur eux durant les rencontres et entraînements. Ces trackers permettent d’évaluer en temps réel les performances individuelles. Ils récoltent la distance parcourue, la vitesse moyenne, les pics et nombres d’accélérations ou de décélérations, les changements de direction ou la fréquence cardiaque. Certains des plus élaborés captent également le nombre de chocs subis par le sportif et calculent sa dépense énergétique totale.

Les données, nouvelles alliées du staff technique

Le travail du data sport scientist entre alors en jeu. Il décortique chacune des données, les analyse, les regroupe et identifie des similitudes. Ses rapports d’analyse sont transmis au staff technique, qui pourra décider d’adapter les entraînements au cas par cas, augmentant ou diminuant la charge de travail de l’athlète selon ses besoins.

Tout ce travail autour des données est de plus en plus courant dans les grandes organisations sportives. Le club de football professionnel AC Milan avait été l’un des précurseurs en 2002 en Europe, avec l’inauguration de son immense laboratoire d’analyse nommé « Milan Lab » sponsorisé par Microsoft. Cet investissement a montré ses fruits à moyen terme : les Rossoneri ont atteint en 2007 leur troisième finale de Ligue des Champions en cinq ans, et viennent d'être sacrés champions d'Italie pour la troisième fois sur les vingt dernières années. Le club de football professionnel AS Monaco a aussi investi il y a quelques années dans un immense centre de performance high tech unique en France, visant à accompagner ses joueurs. L’équipe de la Principauté a pu ainsi maintenir sa place dans l’élite de la Ligue 1, présent dans le top 3 du championnat lors de sept des neuf dernières saisons.

La frénésie du big data s’est également emparée du football féminin. Durant la Coupe du monde de la FIFA en 2019, la sélection anglaise a équipé chacune de ses joueuses d’un tracker GPS pour suivre leurs performances. Résultat, les Lionesses ont atteint la deuxième demi-finale de leur histoire dans la compétition, perdant de justesse face aux futures championnes américaines. C’est d’ailleurs sans surprise que les Britanniques sont aujourd’hui annoncées comme favorites pour remporter l’Euro cet été chez elles. Le site Betway de paris sportifs en ligne évalue la cote de victoire de l’Angleterre à 4.5, à égalité avec celle de la France (le 24 mai 2022). Le big data a même été intégré au quotidien des joueuses d’Arsenal, Manchester City, Manchester United et Chelsea, faisant de la Women’s Super League anglaise l’une des plus compétitives et attractives du monde.

L’importance de ce travail autour des données se fait de plus en plus remarquer partout dans le monde, que ce soit pour les sports collectifs comme le football, le basketball ou le rugby, ou auprès de certains athlètes en particulier comme les joueurs de tennis qui s’entourent de la meilleure équipe de data scientists dans leur quotidien, faisant ainsi même partie de leur lifestyle. Les grand acteurs du sport en sont conscients, l'analyse et la récolte des données constitueront l’avenir de leur discipline.